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Photographie d'événement : La Visibilité ne Paie Pas les Factures (et le Paradoxe Québécois du Budget)

  • Photo du rédacteur: Adrien
    Adrien
  • 12 déc.
  • 3 min de lecture


Le Bénévolat Imposé : Résumé d'une Crise Professionnelle

Le magazine 9 Lives Magazine met en lumière une réalité sombre et croissante pour les professionnels de l'image : l’histoire d’un bénévolat imposé qui mine la profession.


Depuis l'ère du numérique, les photographes font face à une double peine : l'utilisation non rémunérée, voire contrefaite, de leurs œuvres, et la systématisation des demandes de gratuité. Les justifications sont bien connues : « Ce n'est pas rémunéré, mais il y aura une super visibilité ! » ou « On n'a pas de budget pour ça. » Des campagnes comme #Payetaphoto ont été lancées pour dénoncer cette banalisation, mais le mal est profond.

Le problème réside dans la perception : pour beaucoup, la photographie est une passion, non un métier, car « tout le monde peut prendre des photos ».


Pure utopie
Pure utopie

Les Dangers d'une Pratique de la Gratuité

Accepter ou tolérer ce « bénévolat imposé » comporte des dangers majeurs pour l'ensemble du secteur :

  1. Dévaluation du métier : En acceptant la gratuité, les professionnels contribuent involontairement à miner la valeur de leur travail. Si l'on ne paie pas pour la qualité, pourquoi le faire à l'avenir ?

  2. Précarité économique : Les photographes se retrouvent contraints d'accepter des conditions intenables, voire de payer eux-mêmes pour exposer ou couvrir les frais de production (tirages, transport).

  3. Cession de droits abusive : Le risque de se faire extorquer des droits sur le long terme est réel. L'article mentionne le cas d'un journal qui a tenté de faire signer aux photographes des contrats cédant leurs droits d'exploitation en exclusivité mondiale pour... 99 ans, en échange de la seule rémunération de la prise de vue initiale. La photo est alors perdue pour son auteur.

  4. Perte de qualité : À terme, les événements et les organisations se tournent vers des amateurs ou semi-pros qui acceptent de travailler gratuitement, entraînant une baisse générale de la qualité des images produites.


Le Paradoxe des Événements au Québec

Ce phénomène n'est pas exclusif à l'Europe, il se manifeste clairement ici au Québec, où l'on observe un paradoxe budgétaire flagrant lors de nombreux événements majeurs :

J'ai constaté que pour des événements rassemblant 2000 à 3000 personnes sur deux ou trois jours, les organisateurs débloquent des budgets conséquents pour des postes dont l'impact est purement éphémère. On paie généreusement :

  • Des animateurs de foule pour créer l'ambiance immédiate.

  • Des artistes pour la performance d'un soir.

  • Des équipes de montage pour des structures qui disparaîtront 48 heures plus tard.

Mais, lorsque vient le temps de budgétiser le poste « photographie », la réponse est souvent la même que celle relevée par le magazine en France : « On n'a pas de budget pour ça. »


Tout le monde est photographe
Tout le monde est photographe

C'est une erreur stratégique monumentale.

Les photos professionnelles ne sont pas une dépense, mais un investissement promotionnel qui dure 365 jours par an, et ce, auprès d’un public mondial.

Les animateurs de foule captivent l'auditoire le temps d'une fin de semaine. Le photographe, lui, crée la mémoire visuelle et le matériel de marketing qui permettra à l'événement :

  • De se promouvoir durant toute l'année suivante.

  • D'attirer des commanditaires pour l'édition à venir.

  • De construire une image de marque forte et professionnelle sur les réseaux sociaux.


Payer un photographe, c'est acheter 365 jours de visibilité mondiale et un héritage pour les éditions futures. Le ne pas faire, c'est choisir une promotion éphémère et condamner son événement à un potentiel de croissance limité.


Il est temps que les organisateurs d'événements reconnaissent la photographie non pas comme une charge, mais comme le pilier de leur stratégie de communication à long terme.


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